You’re my pet, adaptation moderne et désopilante
Le 10 Novembre 2011 était diffusé pour la première fois au cinéma, l’adaptation coréenne du manga et drama Kimi wa Pet. Huit années séparent les deux œuvres cinématographiques, et le défi était d’autant plus grand queYou’re my pet devait rivaliser avec un grand titre du drama japonais, porté à l’époque par l’excellent Matsumoto Jun. Moderne, comique, animée, cette version est un doux plaisir à déguster. Retour sur le film phare de ces derniers mois.
Moderne est sans doute le mot qualifiant le mieux cette adaptation. En effet, le film, tout comme le manga et le drama fait un portrait réaliste de la femme du 21ème siècle. Célibataire, au top de sa carrière, Ji Eun (Kim Ha Neul, Road n°1) recueille chez elle Kang In Ho (Jang Geun Seok, You’re Beautiful), danseur sans domicile et beaucoup plus jeune qu’elle. D’un commun accord, Ji Eunaccepte que le jeune homme s’installe chez elle à condition qu’il devienne son animal de compagnie, Momo. Cette relation platonique se développera et sera ébranlée, au fil du temps, par plusieurs autres prétendants, le tout commenté par le groupe d’amies de Ji Eun.
Dès les premières minutes du générique, le film s’avère être d’une modernité et d’une actualité indéniables, au-delà du sujet qu’il traite. Musique entraînante, animations, l’inspiration américaine se fait ressentir, mais le tour est joué, le film s’annonce distrayant, contemporain. Et en effet, il ne s’agit que du prélude. C’est une œuvre teintée d’humour fin que nous découvrons de fil en aiguille. Dialogues, situations, scènes, gestuelle des personnages, c’en est même franchement drôle ! Il faut en effet dire que le synopsis des plus cocasses et le jeu des acteurs se mêlent à merveille pour notre plus grand bonheur. Cet humour est d’autant plus présent qu’il est souvent mis en scène par de petites animations informatiques brèves mais extrêmement efficaces, servant, la plupart du temps, de raccords entre les différentes séquences. Le montage du film s’en trouve ainsi boosté, et ne fait alors preuve d’aucune longueur. L’œuvre est d’autant plus attrayante, qu’elle se voit également ponctuée d’une bande son des plus actuelles à l’image du générique, dont une majeure partie est bien évidemment interprétée par Jang Geun Seok.
Le Prince d’Asie a, en effet, de nouveau l’opportunité de prouver ses nombreux talents, connus ou méconnus. Et ceci n’est pas sans effort, en effet: afin de pouvoir au mieux tenir le rôle de Momo, Jang Geun Seok a suivi un entraînement intensif de danse. Pari réussi pour le Prince décidemment indétrônable, puisqu’il est, comme à son habitude, des plus convaincants dans son rôle.
Il n’est pas non plus sans compter, une fois de plus, sur son charme irrésistible. Attachant, voir adorable, il joue à merveille ce rôle qui, on pourrait le croire, a été fait pour lui, usant d’une gestuelle et d’un ton des plus subtils. Il forme ainsi avec l’actrice Kim Ha Neul, un couple tout à fait éloquent, montrant une grande aisance dans leur jeu commun et une complicité débordante. Il s’agit là d’un très bon choix de casting, convaincant et agréable. Agréable comme l’estKim Ha Neul dans son jeu d’actrice, simple mais efficace, elle enchaîne les situations avec dextérité, et si jusque là, son nom reste quelque peu méconnu, nous ne devrions pas tarder à la retrouver plus souvent. Ce couple formé pour les besoins du tournage s’avère tenir la route, ce qui était moins le cas entreMatsumoto Jun et Koyuki dans la version japonaise. Et même si nous avons droit aux parfaits clichés lors de la naissance d’une relation amoureuse, le duo sait les détourner avec aisance afin de ne pas tomber dans le basique, et leur complicité à l’écran donne à l’œuvre cette petite touche en plus qui nous plonge dans le film, dont le casting est complété par de nombreux acteurs secondaires de talent.
Cependant, malgré leur aisance et leur jeu convaincant, il faut dire que le rajout de plusieurs personnages à la trame d’origine, rend le synopsis plus compliqué qu’il ne l’est. En effet, celui-ci en devient dur à suivre, les personnages secondaires s’enchaînant et transformant ainsi toute l’intrigue. La première rencontre entre les protagonistes principaux ne se fait ainsi plus devant la maison, mais via le frère de Ji Eun, qui vit avec elle. Un choix permettant certes le détachement entre film et drama, mais qui complique d’autant plus l’histoire de base. De plus, le format film s’avère trop court pour la trame, il ne nous est en effet pas donné assez de temps pour nous familiariser avec le couple et les personnages secondaires. Les relations se développent trop rapidement et le spectateur peut s’y trouver perdu. D’autant plus que certaines scènes importantes se trouvent bâclées voir supprimées, faute de format. C’est ainsi avec déception que nous découvrons des scènes manquantes, les parties danse s’en voient largement diminuées et la fameuse scène du baiser bâclée. Ajoutez à cela les nombreux personnages secondaires et le format qui se trouve être véritablement trop court. Et cela est bien dommage, compte tenu des acteurs et de leur habileté, un format drama aurait ainsi été beaucoup plus appréciable, d’autant plus que le film ne fait qu’une heure cinquante. Un format certes important pour ce style cinématographique, mais relativement court compte tenu du nombre de scènes à traiter, finalement passées à la trappe. A noter de plus, une fin elle aussi coupée court, qui peut laisser un goût d’inachevé. Cette même fin quelque peu en opposition avec le reste du film, qui démontrait jusque là une qualité de réalisation élevée, se voit en effet décliner grandement les dernières minutes. Et là où le film aurait pu se terminer sur un aboutissement grandiose, c’est déçus et surpris que nous découvrons ces dernières séquences.
Le défi aura donc été rude, cependant, l’adaptation coréenne du manga Kimi wa pet ainsi que du drama japonais du même nom, a réussi son pari. Une version moderne, actuelle, le drama japonais commençant en effet à prendre de l’âge, drôle et sympathique. Des acteurs à leur plus haut niveau, démontrant leurs divers talents et une grande complicité ainsi qu’une réalisation des plus attrayantes.
L’adaptation aurait été parfaite et aurait même pu dépasser la japonaise, cependant faute de format, nous revenons relativement déçus du voyage. Il est sans dire que, transposée en format drama, cette adaptation aurait été à son paroxysme. Cependant la liberté prise sur les personnages secondaires vient également entacher l’œuvre, et finit par nous faire préférer la version japonaise, qui aurait pu être éclipsée dans le cas contraire.
L’avis se trouve donc mitigé entre un film trop court, qui aurait été parfait en drama, et une version japonaise manquant de punch et prenant de l’âge mais développant extrêmement bien le sujet.