La next-gen devrait donc voir naître une myriade d'application prolongeant l'expérience de jeu en dehors du salon. Déjà Assassin's Creed Black Flag propose son Companion App sur iOS et Android. Il permet de gérer la flotte de Kenway, de repérer des navires ennemis ou encore d'examiner des cartes au trésor. Battlefield 4 proposera, quant à lui, le mode Commandant : tranquillement assis dans son bus, son métro, ou ses toilettes, le joueur pourra lancer des attaques aériennes depuis son smartphone... Et les exemples pullulent : Rockstar a iFruit pour GTA V, Dead Rising 3 aura également son app, tout comme Watch Dog. Bien entendu les constructeurs ne sont pas en reste. Microsoft a son Xbox One Smartglass et Sony son PlayStation App. Bref, tout le monde se lance sur ce nouveau marché qui a l'air d'être fructueux.
Pour autant, la question de l'utilité d'une telle pratique se pose. Est-ce une mode, comme dans les années 1990 avec la fièvre des jeux de combat et des mascottes, ou une véritable évolutiondurable de gameplay ? Pour le moment, un rapide tour sur les Companion Apps n'est pas franchement rassurant : malgré toute la bonne volonté du monde, il est difficile d'ignorer le côté « gadget » de la plupart d'entre eux. Finalement ce sont les studios et les développeurs qui auront, une fois de plus, le dernier mot. Le potentiel est là, reste à savoir ce qu'ils vont en faire : simple joujou marketing pour passer le temps dans les transports en commun ou véritable outil indispensable ? Comme disent les Américains : Wait and See...Toujours plus de partage
La next-gen sera résolument tournée vers Internet. Enfin, elle le sera encore un peu plus que la génération précédente. Grâce au bouton « Share » on pourra partager les moments les plus épiques de nos parties et les balancer sur une plate-forme de streaming. D'autant que la Xbox One et la PS4 enregistrent respectivement les 5 et les 15 dernières minutes de jeu. Le temps du gamer solitaire envoyant des photos via mms ou mail pour montrer des situations épiques à ses amis est bel et bien révolu ! Ils ont même pensé à fournir quelques outils de montage ! Sur le papier tout ça est très beau, mais comme rien n'est gratuit, il va falloir une fois de plus passer par la case porte-monnaie. Sans abonnement, dites au revoir au multijoueur en ligne et au partage mondial de vos skills : pour plus de rapidité et de stabilité, toutes les vidéos sont hébergées sur des serveurs à distance. Forcément tout ça a un coût : pour rappel, il faut débourser 6,99 € par mois pour le Playstation Plus contre 5 € pour le Xbox Live Gold. Comme quoi, même la vie sociale se paye...Allier blockbusters et petits jeux indés
Dans une interview accordée récemment à Francetvinfo, Guillaume de Fondaumière (Directeur Général de Quantic Dream – Fahrenheit, Heavy Rain, Beyond :Two Souls – président de l'EGDF – European Games Developer Federation – et accessoirement Chevalier de l'ordre national du Mérite) a déclaré : « Il y a une vingtaine d’années, on ne s’adressait qu’aux geeks et aux initiés. Mais ces dernières années, on voit arriver de plus en plus de joueurs qui s'éloignent du profil du hardcore gamer et qui ne consomment qu'un ou deux jeux par an. Cela constitue un changement fondamental du marché, et cette tendance va en s’accentuant. » Quand on sait que Candy Crush Saga réunit plus de 4 millions de joueurs rien qu'en France, on se dit que « de plus en plus » est un euphémisme. Du coup, l'industrie vidéoludique s'adapte à ce nouveau public. Un peu à la façon du cinéma, les studios sortent des blockbusters : Call of Duty, Battlefield etc etc. Pensez que GTA V a coûté la bagatelle de 265 millions de dollars. Rien que ça ! Les sommes engagés sont tellement impressionnantes qu'un échec commercial peut facilement entraîner la liquidation d'un studio entier, aussi gros soit-il. Avec les capacitéstechniques de la next-gen, il y a fort à parier que cette course à regarde-mes-graphismes-qui-te-laissent-bouche-bée va prendre encore plus de vitesse. Mais au fond, n'est ce pas que qu'attendent la plupart des gens ? Se prendre une claque visuelle ? Pour autant, cette dynamique est loin d'être bénéfique. Elle nuit gravement à la créativité des développeurs : comme il faut assurer le hit commercial, on se repose sur des bases que l'on sait efficaces et safe. La diversité de l'offre se réduit, et les gens finissent par se lasser de jouer encore et toujours au même fps/jeu de course/jeu de foot. Et c'est là que les studios indépendants entrent en scène.C'est l'autre tendance qui risque de s'accentuer encore plus avec cette next-gen : les petits jeux réputés pour être programmés dans le fond d'un garage. Un seul et unique exemple : Super Meat Boy. Le hit indé qui a su se débroussailler un chemin dans cette jungle qu'est le XBLA. En partie libérés des contraintes du marché vidéoludique « mainstream », les développeurs font fleurir leurs petits projets aux quatre coins du net. Gameplay, style visuel, scénario, on trouve de tout, pour toutes les bourses et surtout, pour tous les goûts.
S'il est clair que Microsoft a une longueur d'avance dans ce domaine, on a appris récemment que parmi les nombreux jeux indés qui vont envahir le PSN, il y aura les très attendus Hotline Miami 2 : Wrong Number et The Binding of Isaac Rebirth. Rien que ça...Sans parler de la PS Vita, qui est passé en quelques mois du statut de troll international à celui de terre d'asile estampillée Sony pour les titres indés.
Plus d'open world, plus de multi-écrans, plus de partage, plus de blockbusters, plus de jeux indés. On est en droit d'espérer de très belles choses pour cette next-gen. Alors que nos mains trépignent d'avance de pouvoir enfin tâter les bestiaux, on sait que la déception guette, mais peu importe. Le public est prêt à être charmé, il ne reste plus qu'à laisser la magie opérer.